mardi 20 décembre 2005

Contre cette loi scélérate

C'est ces jours-ci, en urgence pendant les fêtes (et si possible la nuit ?), que sera discutée au parlement la loi dite "Droits d'Auteurs et Droits Voisins dans la Société de l'Information" (DADVSI).

On nous parle de lutte contre le piratage, mais qu'en est-il réellement ? L'enjeu dépasse de loin le pauvre pékin qui télécharge sur kazaa dans sa chambre. L'enjeu, pour les défenseurs de cette loi, est celui du contrôle total d'internet et surtout de son usage par les industriels de tout poil : majors du disque, éditeurs de logiciels et de systèmes d'exploitation, etc.

Un ennemi, plus que le téléchargeur moyen : la liberté de l'internaute. Ces industriels des loisirs veulent savoir, contrôler, décider en lieu et place de l'utilisateur. Fini les logiciels libres, les formats ouverts et sans leurs merdes de DRM, etc.

La preuve : tout éditeur de logiciel de type Peer-to-peer devra incorporer un système de gestion DRM, ces tristements célèbres "Digital Rights Management". En clair, la maison de disques à laquelle vous avez acheté - fort cher - un CD ou un titre téléchargé aura le droit de décider ce que vous pouvez en faire. Parmi les problèmes énormes que cela soulève :

1) on sait les dérives que cela amènera inévitablement en termes d'intrusion dans la vie privée et de sécurité informatique (cf l'affaire Sony-BMG, d'ailleurs un rebondissement qui en dit long ici ; même Micro$oft s'en prend à leur truc, c'est dire !) ;

2) les différents formats de DRM (microsoft, apple, sony, etc.) sont incompatibles entre eux et c'est voulu. Si vous achetez un produit "compatible DRM" d'un fabricant donné, vous vous engagez avec lui de façon durable. Cette idée d'être lié à une entité commerciale à cause d'une segmentation du marché ainsi décidée m'est proprement insupportable ;

3) les "éditeurs" de logiciels c'est quoi exactement ? Ca peut être un monstre de la taille de micro$oft, mais aussi un individu seul qui programme pour le plaisir et sa propre utilisation, voire une communauté de développement aux contours assez flous (cas des logiciels libres). De ce côté on peut clairement affirmer que cette loi cherche à éliminer purement et simplement les logiciels libres. Qu'attendre d'autre de la part d'une série d'amendements écrits par des maisons de disques, Uni*ersal en tête ?

4) condamne-t-on les fabriquants de voitures parce qu'on peut faire des excès de vitesse ? Les fabricants d'armes (pourtant ce serait plus justifié !) ? Les fabricants d'ordinateurs parce qu'on peut faire plein de choses illégales avec un ordinateur ? La justice avait tranché autrefois à propos du magnétoscope (que les éditeurs de films voyaient déjà comme un moyen de piratage de masse) ; et on remet maintenant en cause l'idée que c'est l'utilisateur qui est responsable de ses actes...

On peut en plus s'interroger sur le relais que font certains média de ce projet de loi, méconnaissant comme par hasard la plupart des aspects gênants que je viens de signaler. Exemple : cet article de l'express au titre complètement stupide : Pirater n'est plus jouer.

Je vous engage à signer, si ce n'est déjà fait, la pétition sur le site EUCD.info demandant le retrait pur et simple de ce projet de loi.

À lire à ce propos :
La loi contre le piratage numérique suscite la polémique (L'express)
Débat parlementaire pour le droit d'auteur numérique (01net)
Droit d'auteur: le ministre de la Culture monte au créneau pour défendre son texte (ZDnet)
Mobilisation contre la loi sur le droit d'auteur (VNUnet)

eucd.info : sauvons le droit d'auteur

je reproduis également ici un commentaire d'un article de 01net, que j'ai trouvé très pertinent :

Contre la loi DADVSI, signez la pétition eucd.info ! | Posté le 07/12/2005 21:31:46 par tnk

Pour mémoire, la loi DADVSI (Droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information) découle de la directive EUCD (European Union Copyright Directive), elle même inspirée du DMCA (Digital Milenium Copyright Act) américian, loi US destinée à implémentée les traités de l'OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété intellectuelle), eux mêmes poussés par l'administration Clinton pour contourner son opinion publique nationale défavorable à un projet de loi similaire appellé, la loi NIICPA (National Information Infrastructure Copyright Protection Act). Dans le genre imbroglio politique déjà, c'est fort !
(Source : http://eucd.info/index.php?2005/11/14/173-chronologie-du-projet-de-loi-dadvsi(...))

Ensuite, se sont greffés différents ammandements aussi sympathiques que ceux que nous avons découverts récemment (DRM obligatoires sur les web radios, responsabilité des auteurs de soft de P2P...), qui quant a eux sont franco-français. Si l'EUCD, et son obligation de transposition tiennent d'une conception de la démocratie européenne qui nous a mené à un NON franc et massif ce 29 mai 2005, ces derniers ammendements sont le fruit d'esprits hexagonaux.

Le gouvernement a déclaré l'urgence autour de ce projet de loi, amputant ainsi les débats et les possibilités d'actions citoyennes. Mais il n'est pas encore trop tard ! Si comme moi vous êtes contre la loi DADVSI en l'état, je vous suggere de signer la pétition d'EUCD.INFO (accessible ici : http://eucd.info/petitions/index.php?petition=2), et pour plus d'infos, visitez le site http://eucd.info. Plus de 30000 signataires à l'heure ou j'écris ces lignes.

Et si la loi passait, il existerait malgré tout un moyen simple de rester en règle : ne pas consommer de produits protégés par DRM (ne pas les télécharger illégalement non plus). Le jour où le commun des mortels vera en les DRM un frein à l'achat, le DRM sera mort, et la loi DADVSI avec (Toutes mes excuses à Alain Souchon, dont j'ai tous les disques sauf le dernier, que je boycotte because copy control).

Ne vous méprennez pas. Je ne suis pas pour le piratage et je suis pour le respect du droit, mais quand j'apprends que cette loi rendrait illégale (et punissable de 3 ans d'emprisonnement!) la lecture d'un DVD acquis licitement sur un soft libre (sous Linux par exemple) ou le rip pour usage personnel d'un CD "protégé", je ne vois pas en quoi cela s'appelle du piratage (dans ce dernier cas, je rappellerais l'existence d'une taxe de compensation au titre de la copie privée), et donc je me dis qu'il y a autre chose derrière, et que la défense des droits d'auteurs n'est qu'une facade.

1 commentaire:

  1. LETTRE AU MINISTRE DE LA CULTURE

    Raphaël Zacharie de Izarra jeudi 18 mai 2006
    2, Escalier de la Grande Poterne
    72000 Le Mans
    Tél : 02 43 80 42 98
    ou : 08 70 35 86 22
    raphael.de-izarra@wanadoo.fr

    à « Les Inrockuptibles »
    144, rue de Rivoli
    75001 PARIS

    Messieurs,

    Je vous propose de rendre publique ma démarche personnelle, susceptible d’intéresser les lecteurs des « Inrockuptibles » à propos du problème du COPYRIGHT, sujet de plus en plus brûlant en cette époque de bouleversements engendrés par l’omniprésence d’INTERNET dans notre société.

    Conscient que ma démarche va à contre-courant de la pensée ambiante, je crois qu’il n’est pas impertinent cependant de vouloir donner un écho de qualité à ce problème à travers les pages des « Inrockuptibles », revue de haute volée, sensible aux problèmes de société et ouverte aux dialogues les plus divers.

    Animé par un esprit progressiste, soucieux d’équité et sensibilisé depuis toujours aux questions des rapports entre l’art et l’argent, j’ose remettre en question les acquis relatifs au COPYRIGHT.

    En dépit des résistances qu’une telle position ne manquera pas de déclencher, je m’engage (de façon très modestement individuelle il est vrai) à défendre résolument ma cause, symbolique aujourd’hui mais qui sait, peut-être manifeste demain.

    Je vous propose de prendre connaissance de ma lettre envoyée au Ministère de la Culture et de la Communication ainsi qu’à la Sacem, et de la relayer à une plus grande échelle si vous estimez dignes d’intérêt mes arguments.

    Vous pouvez prendre contact avec moi à tout moment. Je vous prie de croire, Messieurs, à toute ma considération.

    Raphaël Zacharie de Izarra

    =======

    Monsieur le Ministre,

    Dans le cadre d’une démarche résolument citoyenne en cette époque de progrès de la pensée politique, une remise en cause de quelques monopoles bien ancrés dans notre société démocratique s’impose.

    Etant personnellement fermement opposé au principe de rémunération des auteurs sur la base aléatoire, arbitraire et profondément injuste du volume de vente ainsi qu’à la notion aberrante de « propriété intellectuelle », je vous propose de prendre connaissance des trois textes ci-joints dénonçant les acquis iniques relatifs aux droits d’auteurs, que je transmets également à la SACEM et à la presse nationale afin d’initier en haut lieu et dans l’esprit du public une réflexion visant à reconsidérer ces questions essentielles.

    En souhaitant engager avec les divers interlocuteurs et acteurs du monde artistique et culturel un dialogue constructif, courtois et serein sur ce sujet délicat, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à ma parfaite considération.

    1 - L'INIQUITE DU COPYRIGHT

    L'argent a engendré bien des phénomènes iniques, pervers, infâmes parmi lesquels le COPYRIGHT, véritable religion d'État de notre société matérialiste obsédée par le droit jusque dans les moindres détails de la vie quotidienne, et qui a fini par sacraliser au plus haut point les rapports économiques entre les hommes.

    Afin de "protéger" les auteurs contre l'exploitation de leurs textes, Beaumarchais qui fut à l'origine de cette aberration morale aux allures faussement philanthropiques a initié une révolution intellectuelle qui s'est érigée de plus en plus comme une tyrannie, soutenue par des textes de loi intransigeants. Le mensonge est devenu norme, à tel point que nul ne conteste aujourd'hui la folie intrinsèque du COPYRIGHT.

    Précisément, le rôle de l'écrivain n'est-il pas d'émettre ses textes afin qu'ils soient "exploités", autrement dit lus, joués, pensés, appréciés ou détestés sans aucune restriction par ses frères humains et indépendamment des contingences matérielles réglant sa vie personnelle ? De quel droit l'auteur imposerait-il au monde ses oeuvres telles qu'ils les a conçues ? Chacun a la liberté inaliénable d'interpréter, d'auto censurer partiellement ou entièrement, de réécrire mentalement, de reformuler, de corriger, de lire en diagonale et même de lire une ligne sur deux si cela lui chante les écrits d'un auteur. La loi sur les droits d'auteur n'est ni plus ni moins qu'un chantage exercé sur le lectorat par l'auteur, chantage dans lequel il fait intervenir des considérations financières indignes des hauteurs où en général il prétend élever son lectorat à travers sa plume...

    Le rapport entre la protection des écrits d'un auteur et les nécessités domestiques ou même vitales comme le droit de manger à sa faim ne devrait jamais être fait. Cela peut certes sembler cruel et injuste mais la maladie qui frappe n'importe qui sur terre, n'est-elle pas injuste, cruelle ? Pour soigner un seul individu, a-t-on le droit de refuser les soins à des milliers d'autres ? De même un seul individu a-t-il le droit de céder son oeuvre à des milliers de gens socialement privilégiés sous la stricte condition qu'ils le payent pour les idées, les réflexions ou les charmes littéraires contenus dans cette oeuvre, et de la refuser catégoriquement à ceux qui n'ont pas les moyens de l'acheter ? Les droits d'auteur sont une atteinte profonde aux droits du lecteur.

    Que l'auteur exige de pouvoir vivre de sa plume est son choix et sa stricte liberté, mais en aucun il ne devrait pour cela interdire aux plus pauvres de ne pas accéder à ses oeuvres.

    "Propriété intellectuelle" : termes parfaitement antinomiques, inconciliables par définition, exprimant des principes complètement opposés... Tout ce qui appartient au domaine intellectuel bien au contraire est entièrement, définitivement, infiniment libre. Libre comme le sont la pensée, l'émotion, l'imaginaire, la poésie, l'amour et le vent. Par quelle incroyable corruption mentale l'esprit humain a-t-il pu se résoudre à mettre la pensée, l'imagination, l'Art, les battements du cœur en cage ?

    L'homme s'est mis dans la tête des barreaux mentaux. La cause ? L'argent. Tout n'est qu'affaire d'argent, rien que d'argent. Où est l'équité dans le fait qu'un auteur soit rétribué selon la quantité d'ouvrages vendus et non pas, plus justement, selon la qualité de ses écrits ? Le critère même de rétribution de l'écrivain porte atteinte à l'esprit de justice. Pour une somme de travail équivalente, tel auteur sera payé cent fois plus qu'un autre. Son mérite ? Il aura su flatter les vils instincts d'un certain lectorat en lui proposant des histoires de fesses, tandis que tel autre auteur inspiré mais plus naïf aura chanté chastement les étoiles. Nulle part ailleurs que dans le domaine des droits d'auteur règne l'arbitraire.

    Prendre en otage l'humanité entière juste pour protéger un auteur sous prétexte de défendre ses "droits" égoïstes est un authentique viol moral contre l'Homme. Ainsi seuls les lecteurs socialement privilégiés auraient le droit moral et légal de jouir des trésors culturels ? L'argent ne devrait jamais intervenir dans ces affaires-là. Au lieu de cela il est le principal facteur autour duquel toutes ces choses sordides et mesquines s'élaborent ! Il est même très souvent la seule justification, l'unique motivation, la première raison... La preuve : des auteurs n'écrivent que pour faire fonctionner le moulin à bénéfices, sans aucune exigence artistique. En admettant que la loi sur les droits d'auteur eût un fondement moral réel, qu'elle fût recevable que le plan intellectuel, alors elle perdrait dans ce contexte-ci tout son sens. Ces droits sont utilisés en ce cas comme un filon à exploiter, non comme une "protection" réelle de l'auteur.

    Autoriser l'accès à l’œuvre en échange d'argent (correspondant aux droits d'auteur) est une injustice fondamentale qui lèse d'abord et surtout l'humanité avant l'auteur lui-même. L'auteur, lien entre le ciel et la terre, entre les muses et les hommes, entre le sacré et le profane, et parfois plus simplement entre les communautés, devrait s'effacer avec une naturelle humilité qui le grandirait, au lieu de vendre son âme au prix du marché de l'édition. L'écrivain n'a aucun droit sur ses écrits à partir du moment où il accepte de les diffuser. Il ne pourra jamais interdire au lecteur d'interpréter ses écrits comme il l'entend. Le lecteur peut à sa guise déformer dans sa tête, son cœur et son âme les écrits d'un auteur sans que ce dernier ne puisse le lui interdire. Alors de quel droit l'auteur exigerait-il de n'être pas plagié, déformé, copié matériellement puisqu'il est possible de le faire mentalement ?

    Attendons-nous à voir un jour une loi interdisant au lecteur de répéter oralement des phrases lues dans un livre... Aujourd'hui perspective aussi aberrante que de faire payer un droit de respirer l'air qui nous entoure, demain cette absurdité sera peut-être universellement admise au même titre que de nos jours est admise sans contestation la loi sur la "propriété intellectuelle".

    Rappelons-nous toujours que l'esprit est d'essence divine, que la pensée comme l'air n'est la propriété de personne, pas plus que la Lune n'appartient aux astronautes ou que le pape n'a le monopole du soleil qui brille pour tous.

    2 - LA VANITE DU COPYRIGHT

    La folie du COPYRIGHT qui se développe sur le NET est révélatrice de l'état d'esprit mercantile régnant dans le monde des amateurs de lettres.

    Une pléthore de mauvais textes sont jalousement mis sous COPYRYGHT par leurs auteurs soucieux d'exclusivité. Ces auteurs-là se ridiculisent à jouer les écrivains protecteurs de leurs oeuvrettes maladroites... Qui songerait à piller ces montagnes de déjections encombrant le NET ? Mes textes à moi, qui sont bons dans leur majorité, excellents pour quelques-uns d'entre eux, mauvais dans la même proportion, sont totalement libres.

    Le fait de COPYRIGHTER ses textes avec l'excuse que cela ne coûte que quelques euros ne signifie pas pour autant que ce sont de bons textes... Avant de mettre sous COPYRIGHT un texte, encore faut-il qu'il soit digne de cette "distinction"... Ces auteurs ont l'illusion d'être des plumes dignes de ce nom sous prétexte que leurs productions sont sous COPYRIGHT, comme les grands. Ils se donnent l'impression flatteuse que leurs textes sont nécessairement bons, puisque COPYRIGHTéS... Ou pire, ils s'imaginent même que leurs textes deviennent bons comme par magie, par la simple intercession du COPYRIGHT.

    Ce filon exploité par des notaires avisés est d'autant plus prometteur qu'il est basé sur une source intarissable : la vanité humaine.

    3 - VIVE LE PIRATAGE DES OEUVRES !

    Inique, le projet de loi visant à interdire le téléchargement des oeuvres musicales sur le NET ! Dévoyés, prostitués, sans hauteur sont les artistes qui n'acceptent de diffuser leurs productions à destination des hommes de la terre, leurs semblables, qu'à la condition d'être payés avec de l'argent ! L'art, la musique, la poésie sont une nourriture universelle par excellence. Aucune considération d'ordre pécuniaire ne devrait limiter leur diffusion. Le simple fait de consacrer son temps libre ou sa vie entière à l'art et de le diffuser sans aucune restriction, de faire profiter à qui veut les savourer les fruits de son travail, devrait suffire au bonheur de l'artiste.

    Ce qui tue la créativité, ça n'est pas le manque d'entrée d'argent. Au contraire, c'est avec le ventre vide que le poète chante le mieux. Le confort que permettent des revenus assurés et réguliers peut même être un frein à la création. Honte aux artistes qui exigent de l'argent en échange de l'étincelle divine ! On ne devrait pas commercialiser le souffle de l'esprit. Les artistes qui soutiennent ce projet de loi se mettent sur le même plan que les marchands de lessive.

    Ces ingrats qui des muses ont reçu un cadeau merveilleux sans que rien ne leur soit demandé en contrepartie, ces simples mortels sur lesquels à la naissance se sont penchés les dieux avec une générosité, un désintéressement sublimes afin de les combler de dons sans rien leur réclamer en échange, ces petits hommes imbus de leur céleste élection osent exiger de leurs frères humains, pourtant égaux, hommes au même titre qu'eux, qu'il les payent pour la grâce tombée du Ciel ! Ils estiment que la manifestation de l'infini vaut tant d'argent, ils considèrent que leur don octroyé gratuitement par les anges présidant à l'Art se pèse sur la balance des lois du marché...

    Notre société matérialiste, alimentaire, mercantile qui a commercialisé, mis en rayons, "code-barré" la pensée, le Beau, les plus hauts sentiments ne peut concevoir qu'un artiste compose, écrive, imagine pour l'amour de l'art, pour la gloire des étoiles, pour la beauté du geste... Nul besoin d'argent pour créer. Les artistes qui prétendent le contraire ne sont que des vendus, des menteurs, des traîtres, des bandits qui ont fricoté avec le "diable marketing". On peut, on doit chanter sans être payé en retour. L'inspiration ne devrait pas être conditionnée par des exigences d'ordre économique.

    Les fruits de l'esprit appartiennent à tous, pauvres et fortunés. Les richesses de l'âme ne devraient pas être soumises aux lois du marché. L'universel, ce qui est issu des profondeurs de l'homme devrait voler de tête en tête, de cœur en cœur, et non passer de porte-monnaie en tiroir-caisse.

    Seuls les supports devraient être soumis aux méandres du commerce, pas les oeuvres.

    Le reste, ce sont de sordides affaires de comptables ayant perdu leur âme dans de vils calculs. Si les artistes veulent se payer une plume en or, une lyre sertie de diamants, une guitare étincelante de pierres précieuses, s'ils veulent manger à leur faim, qu'ils se soumettent aux mêmes rigueurs que les autres mortels : qu'ils aillent travailler à l'usine. Le talent ne confère aucun privilège à ces humains infatués de leur héritage divin. A ceux qui ici-bas veulent monnayer le legs olympien, je réponds que leur venue au monde n'a été soumise à aucun marché. Et que si les entités célestes ne demandent rien pour tous ces trésors offerts à leurs créatures humaines, les artistes devraient remercier le sort au lieu de se plaindre, et à plus forte raison ne pas faire commerce de ces présents. Il n'en sont que les dépositaires.

    Je vous engage donc à piller mes oeuvres à cette adresse http://espritlibre.foxoo.net/plume, à télécharger de la musique sur des sites gratuits, à répandre la pensée des philosophes sans faire acheter leurs livres à votre auditoire, à chanter dans la rue les chansons que vous aurez entendues dans les écouteurs d'essai à la FNAC sans débourser un centime, et ce afin de faire partager gratuitement à un maximum de gens autour de vous les oeuvres de l'esprit que des pirates de l'âme, des vrais pirates ceux-là, veulent vous faire payer.

    Raphaël Zacharie de Izarra

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