Après avoir récupéré mon grand au lycée à 18h, nous filons droit vers Lille, en évitant l'A1 source de toutes les craintes. L'A23 roule bien mais il faut y accéder en traversant ces patelins peuplés de tracteurs et de gens pas pressés ! On sait de toute façon que les bouchons lillois nous attendent, et ça ne rate pas à la sortie de la voie rapide, car le boulevard qui mène au Zénith est complètement bouché. On compatit avec ces pauvres feux rouges qui doivent se sentir bien inutiles ce soir. On finit par y arriver, mais on n'est pas encore rentrés dans la salle : la file d'attente très disciplinée serpente sur le trottoir. Mais patience et bonne humeur sont au rendez-vous, et on a amplement le temps de dévorer nos sandwichs (jambon camembert cornichons pour ma part (intéressant hein)). On peut aussi constater que nombre de spectateurs ont adopté le style vestimentaire en phase avec le groupe vedette du jour. On a ainsi croisé un pape diabolique et plusieurs nonnes sexy et un rien fantomatiques.
Malheureusement le temps d'arriver dans la salle à 20h pile (heure indiquée sur les billets), nous avons raté le premier groupe de la soirée, les allemands et suédois de Lucifer emmenés par la chanteuse Johanna Sadonis. Un groupe que je ne connaissais pas et que je regrette vraiment de n'avoir pu écouter ce soir, d'autant que ce que je peux en voir sur Youtube me semble d'excellente qualité dans un style classic rock très 80s avec de bons soli de guitare. Vraiment dommage.
La scène se prépare pour le groupe suivant, les canadiens de Spiritbox, juste le temps pour nous d'aller nous hydrater (4,50€ la bière pression de 25cl, ce ne sont pas les buveurs qui abusent ce soir !).
Spiritbox donc, groupe que je découvrais ce soir, quatuor originaire de Vancouver. Je n'ai pas du tout accroché. S'ils recueillent bien sûr un accueil poli, le son est extrêmement brouillon avec une basse qui annihile le peu de mélodies et rend l'ensemble assez désagréable. Beaucoup d'éléments de musique électronique pré-enregistrés, une chanteuse qui fait ce qu'elle peut dans un style hurlé (on pense parfois à In This Moment sur ce point) type *-core auquel je n'adhère pas du tout. Un style résolument métal à l'américaine, vraiment pas ma came, mais il en faut pour tous les goûts.
Nouvelle pause en attendant la tête d'affiche de la soirée, Ghost donc. Moment amusant lorsque, le temps d'installer le décor, de la musique est diffusée avec en premier le fameux Take On Me de A-Ha repris en chœur par le public du Zénith, désormais plein comme un œuf.
J'en profite pour préciser que les vidéos intégrées dans cet article ont été filmées par mes soins ou ceux de mon fils (merci Vic!), et qu'elles sont passées sans encombre à travers les filtres de Youtube qui veillent au respect des droits d'auteur (la bande son a été reconnue mais déclarée "sans impact" sur la visibilité - ce n'est pas toujours le cas).
La scène est maintenant partiellement masquée par un rideau blanc qui tombe du plafond, derrière lequel les techniciens s'affairent. Étant installés légèrement de biais, on aperçoit tout de même déjà quelques éléments du décor, qui promet d'être magnifique.
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21h45 les lumières s'éteignent, juste à temps pour éviter qu'un spectateur ambitieux au bas des tribunes n'entraîne tout le public dans une macarena improbable. Le rideau s'éclaire et la musique d'intro Imperium commence, avant de tomber d'un coup dans une explosion pyrotechnique révélant le décor et l'ensemble du groupe. Tobias Forge (alias Cardinal Copia, Papa Emeritus I, II, III, IV) arrive et entame le morceau Kaisarion, qui ouvrait leur dernier album studio complet en date (Impera, 2022).
Setlist Ghost:
- Imperium / Kaisarion
- Rats
- Faith
- Spillways
- Cirice
- Hunter's Moon
- Jesus He Knows Me (Genesis)
- Ritual
- Call Me Little Sunshine
- Con Clavi Con Dio
- Watcher In The Sky
- Year Zero
- Spöksonat / He Is
- Miasma
- Mary On A Cross
- Mummy Dust
- Respite on the Spitalfields
Rappels:
- Kiss The Go-Goats
- Dance Macabre
- Square Hammer
L'exécution est impeccable et le décor proprement somptueux, avec en particulier un fond de scène en forme de cathédrale dont les vitraux représentent Papa Emeritus dans toute sa gloire. Les éclairages nombreux et toujours bien pensés mettent bien en valeur l'ensemble du groupe, sans systématiquement se concentrer sur le chanteur. Les guitaristes en particulier sont bien mis à l'honneur, comme le montrent les vidéos ci-dessous, notamment celle de Cirice. La batterie trône au centre de la scène sur une estrade qui la met bien en valeur. Mon seul regret est qu'on a du mal à distinguer, au fond de la scène, la dernière rangée de musiciens : le claviériste et deux choristes dont on ne voit pas toujours les activités alors même qu'il leur arrive de compléter les instruments disponibles. Ce n'est qu'à la fin, lorsque le groupe vient saluer, qu'on a une vision claire du nombre de musiciens (9 en comptant le chanteur, tout de même !).
Tous les musiciens sont masqués, ce sont les nameless ghouls. Ça fait partie de la mise en scène, l'identité du chanteur elle-même ayant été longtemps gardée secrète (jusqu'en 2017). En tout cas tous sont d'un niveau vraiment excellent, et (désolé de me répéter) j'ai été très impressionné par le jeu précis et tranchant des deux guitaristes principaux et du bassiste. Le son est fort mais assez bien équilibré, c'est important.
La setlist fait bien sûr la part belle au dernier album du groupe Impera mais pioche un peu dans tous les albums du groupe (pas si nombreux si on exclut les EP). Ainsi on enchaîne avec Rats puis Faith (album Prequelle, 2018).
Ensuite le chanteur annonce Spillways (album Impera), puis c'est un classique qui déclenche l'enthousiasme du public : Cirice (album Meliora, 2015), dont le clip (j'en parlais ici en 2017) inspiré du film Carrie, lui-même tiré de l'oeuvre de Stephen King, était considéré comme un chef d’œuvre du genre. Les éclairages rouge sang sont de toute beauté et contribuent parfaitement à l'ambiance de ce titre lourd de menaces.
Ensuite vient Hunter's Moon (album Impera), que j'ai trouvé très entraînant pour le public (notamment lors des coups de grosse caisse au début du refrain que les guitaristes martèlent du pied), puis un véritable classique avec Jesus He Knows Me. Il s'agit bien sûr du titre publié par Genesis en 1991 (je viens de vérifier, je pensais que c'était plus vieux) qui se présente en satire des télé-évangélistes et prédicateurs américains. Ghost l'a repris sur son EP de reprises récemment sorti Phantomine (2023), dont Tobias parle dans cette interview, accompagné d'un clip officiel autrement plus incisif (certains diraient « trash ») que celui de Phil Collins et ses compères à l'époque. D'ailleurs, globalement tous les clips officiels de Ghost méritent le coup d’œil, ils sont une part intégrante de l'identité du groupe.
Je profite de cet instant reprise pour regretter, mais j'imagine que ce n'était pas facile de modifier la setlist en pleine tournée Imperatour, que Ghost n'ait pas rendu un hommage à Tina Turner disparue récemment, puisque son We Don't Need Another Hero figure lui aussi parmi les reprises de Phantomine. Cela aurait été un vrai plus ce soir.
Après ce morceau repris à pleins poumons par le public, vient Ritual (album Opus Eponymous, 2010), à la fin duquel on assiste à une petite querelle amusante entre les guitaristes. Puis vient le plus récent Call Me Little Sunshine (album Impera). J'ai adoré le jeu de lumières, évoquant un rayon de soleil justement, sur ce titre. Tobias a pour l'occasion changé de tenue, avec un retour au costume de Papa Emeritus qui a fait sa renommée.
Con Clavi Con Dio est un titre beaucoup plus ancien puisqu'il date de l'époque du premier album Opus Eponymous à nouveau. Sur ce titre Papa Emeritus balance son encensoir sans qu'il soit possible, étant à distance raisonnable, de savoir ce qu'il contient exactement. Ce morceau est suivi de Watcher In The Sky issu de l'album Impera, aussi efficace que blasphématoire. Toujours dans ce thème vient ensuite un monument dans la discographie du groupe, le titre qui l'a réellement fait décoller : Year Zero (album Infestissunam, 2013, c'en était le seul extrait ce soir). La foule ne s'y trompe pas et l'acclame comme il se doit. À nouveau j'ai été marqué par les jeux de lumières parfaitement synchronisés avec la musique, réhaussés par des flammes qui jaillissent de chaque côté de la scène... une vraie chorégraphie.
Le morceau suivant He Is (introduit comme sur l'album Meliora par une « Spöksonat » - sonate fantôme en Suédois) est tout en douceur, sans batterie et accompagné par la foule à la lumière des téléphones portables qui ont depuis longtemps remplacé les briquets d'avant. Magnifique.Ensuite vient l'instrumental Miasma (album Prequelle), à la fin duquel on amène un sarcophage en verre contenant un pape (mort, probablement, ou au moins censé l'être) dont on s'amuse avec des feux d'artifice... jusqu'à ce qu'il se réveille et se mette à jouer le final du morceau au saxophone ! Drôle, décalé et vachement bien fait !
La fin du concert approche avec, avant les rappels, les titres Mary On A Cross (EP Seven Inches Of Satanic Panic, 2019), où le chanteur (redevenu « lui-même », en l'occurrence Papa Nihil) fait participer la foule puis Mummy Dust (album Meliora) avec ses roulements de batterie en introduction, et enfin Respite On The Spitalfields qui clôt l'album Impera sur une note plus mid-tempo. À cette occasion on a droit à une bonne dose de confetti lancés en l'air par des machines au pied de la scène, pour un très bel effet.
Le groupe se retire ... arrive le moment des rappels ! Le chanteur (qui a revêtu une magnifique veste bleue à paillettes) revient et harangue la foule ... « What do you want from me ? ».... « if I give you three songs, will you get the fuck out of here ? » ce qui déclenche l'hilarité.Trois titres en rappel donc ce soir : d'abord Kiss The Go-Goat (EP Seven Inches Of Satanic Panic), avec une belle mise en valeur par les poursuites des guitaristes mais aussi du claviériste, puis l'imparable et entraînant Dance Macabre (album Prequelle) avec des lumières multicolores (et toujours une dominante violette et rouge) du plus bel effet et de nouveau une belle dose de confetti.
Alors que Dance Macabre se conclut et que le chanteur provoque la foule, le dernier morceau s'annonce : Square Hammer (EP Popestar, 2016) avec son riff imparable qui déclenche immédiatement l'enthousiasme de la foule qui chante (pas toujours juste il faut bien l'avouer) le refrain à tue-tête. La mise en scène est à nouveau marquée par ces lumières magnifiques qui se concentrent sur les guitaristes pendant les soli.
Ce dernier morceau se conclut avec quelques mots (gentils !) de la part de Tobias, et un rideau d'étincelles qui tombent du plafond. Superbe !
Il est à peu près minuit, c'est la fin de ce concert magnifique, l'un des meilleurs auxquels j'ai assisté du point de vue de la mise en scène. Il est temps de rentrer (pour une fois on n'a pas trop de mal à sortir du parking car les entrées ont été momentanément converties en sorties).
Merci Ghost pour ce concert inoubliable !