Dimanche 3 décembre 2023, le temps est à la neige en Hauts-de-France. Nous avons nos places pour le spectacle de Rock Symphony Orchestra, un projet ukrainien mêlant orchestre symphonique et éléments rock. La représentation est prévue à partir de 15h30 au Nouveau Siècle en plein centre de Lille. Compte tenu de la météo nous prenons de la marge et grand bien nous fait car un accident sur l'autoroute A1 réduit la circulation à une seule voie, provoquant un méchant embouteillage.
Enfin installés dans les gradins du nouveau siècle nous assistons à l'arrivée des musiciens sur scène, sous les applaudissements d'un Nouveau Siècle bien rempli.
Alors ça change bien sûr, ces chansons n'ont pas du tout été écrites avec un orchestre symphonique en tête. Les arrangements, même s'ils diffèrent des originaux,sont bien trouvés et adaptés à la configuration. L'orchestre comprend une importante section cordes (violons, altos, violoncelles, contrebasses), des cuivres, saxophones, des percussions (timbales, batterie et diverses choses), un synthé, deux guitares électriques, une basse et un total de 18 choristes en fond de scène. Sans oublier bien sûr le sautillant chef d'orchestre qui fait le show à lui tout seul et, à deux reprises, sortira son violon électrique pour accompagner les autres musiciens.
Les titres s'enchaînent, mettant tour à tour en valeur certains instruments à l'occasion de soli rehaussés par les poursuites lumineuses. Généralement, la mélodie du chant est remplacée par un instrument solo (souvent un violon), à de notables exceptions près quand une cantatrice vient rejoindre l'orchestre par exemple sur l'incroyable medley entre le Satisfaction des Rolling Stones et la flûte enchantée de Mozart. Décoiffant !
Sonne (Rammstein) - là aussi une petite déception pour moi, la mélodie n'étant pas suffisamment prononcée à mon avis pour bien passer l'épreuve de l'orchestre,
Ghost Love Score de Nightwish, malheureusement (mais compréhensiblement) raccourci par rapport à l'original.
Plusieurs rappels sont venus terminer cet excellent concert, avec en guise de final une nouvelle interprétation du Final Countdown d'Europe.
Les morceaux qui selon moi ont vraiment marqué cette prestation étaient le medley Satisfaction/la flûte enchantée, Sarajevo 12/24, Chop Suey, Smooth Criminal et People Are Strange. Un regret : n'avoir pu acheter le programme. Il était disponible à l'entracte et nous pensions pouvoir en acheter un à la sortie mais ce ne fut pas le cas.
Le concert s'est conclu sur un « nous vous donnons rendez-vous l'année prochaine ». Pourquoi pas en effet... En tout cas une excellente soirée. Le spectacle tourne dans toute la France (voir leur site), et je recommande!
Si quelqu'un possède la liste exacte et ordonnée de toutes les chansons jouées, je prends! Ci-dessous une petite série de vidéos que j'ai pu filmer pour nous remémorer ce spectacle. Enjoy!
Master Of Puppets (Metallica)
Thunderstruck (AC/DC)
Satisfaction (The Rolling Stones) & La flûte enchantée (Mozart)
Pour changer (?) un peu, je vous propose ci-dessous une version live de la chanson d'Amorphis : The Golden Elk, filmée au Wacken Open Air 2018. L'un des morceaux les plus emblématiques de leur album Queen Of Time, sorti la même année chez Nuclear Blast, probablement leur album le plus apprécié à ce jour (ceci dit sans enlever aucun mérite à son sucesseur, Halo, sorti en 2022 et dont je parlais ici lors de leur concert à Lille en novembre 2022).
C'est un excellent morceau de métal mélodique, alternant chant clair et guttural à petites doses, et quelques aux sonorités orientales. Les paroles de tout l'album sont inspiré par le Kalevala, qui depuis le XIXème siècle est le principal recueil de la mythologie traditionnelle finlandaise.
Aujourd'hui je partage le clip officiel, ci-dessous, d'un morceau de Swallow The Sun que j'aime beaucoup : Woven Into Sorrow (qu'on peut traduire par « tissé dans le chagrin »). Évidemment avec un titre pareil il ne faut pas s'attendre à du « happy metal » à la Freedom Call mais au contraire à un (excellent) morceau de doom mélodique, style de prédilection de ce groupe finlandais dont je parlais déjà ici en 2010 ou encore ici en 2012.
Ce morceau est tiré de leur dernier album en date : Moonflowers, sorti en 2021 et excellent d'un bout à l'autre et à écouter sans modération. Les morceaux sont comme d'habitude sombres et massifs mais toujours mélodiques, avec des parties vocales plus souvent claires que gutturales toujours à bon escient. Mention spéciale également au site officiel du groupe, qui propose une esthétique sobre et très travaillée.
À noter que Moonflowers est un double CD avec en seconde partie les mêmes titres que sur le premier mais en version classique. Violon, alto et violoncelle, morceaux longs et sombres, rien de tel pour célébrer l'arrivée de l'automne !
Je termine avec le lien vers une vidéo Youtube qui propose l'intégralité (53 minutes!) de l'album en écoute (avec les paroles), vidéo publiée par la maison de disque Century Media elle-même. Merci à elle!
Aujourd'hui voici quelque chose de très différent ! Il s'agit d'un clip déjà assez ancien (2015) d'un groupe néerlandais (classé comme rock alternatif selon Wikipedia) nommé De Staat.
Torre Florim, le sorcier en chef !
Le clip en question est particulièrement étrange et hypnotique ... voici Witch Doctor!
Vendredi dernier avait lieu le concert de Ghost à Lille (au Zénith) et comme d'habitude en voici le compte-rendu par le menu.
Après avoir récupéré mon grand au lycée à 18h, nous filons droit vers Lille, en évitant l'A1 source de toutes les craintes. L'A23 roule bien mais il faut y accéder en traversant ces patelins peuplés de tracteurs et de gens pas pressés ! On sait de toute façon que les bouchons lillois nous attendent, et ça ne rate pas à la sortie de la voie rapide, car le boulevard qui mène au Zénith est complètement bouché. On compatit avec ces pauvres feux rouges qui doivent se sentir bien inutiles ce soir. On finit par y arriver, mais on n'est pas encore rentrés dans la salle : la file d'attente très disciplinée serpente sur le trottoir. Mais patience et bonne humeur sont au rendez-vous, et on a amplement le temps de dévorer nos sandwichs (jambon camembert cornichons pour ma part (intéressant hein)). On peut aussi constater que nombre de spectateurs ont adopté le style vestimentaire en phase avec le groupe vedette du jour. On a ainsi croisé un pape diabolique et plusieurs nonnes sexy et un rien fantomatiques.
Malheureusement le temps d'arriver dans la salle à 20h pile (heure indiquée sur les billets), nous avons raté le premier groupe de la soirée, les allemands et suédois de Lucifer emmenés par la chanteuse Johanna Sadonis. Un groupe que je ne connaissais pas et que je regrette vraiment de n'avoir pu écouter ce soir, d'autant que ce que je peux en voir sur Youtube me semble d'excellente qualité dans un style classic rock très 80s avec de bons soli de guitare. Vraiment dommage.
La scène se prépare pour le groupe suivant, les canadiens de Spiritbox, juste le temps pour nous d'aller nous hydrater (4,50€ la bière pression de 25cl, ce ne sont pas les buveurs qui abusent ce soir !).
Spiritbox donc, groupe que je découvrais ce soir, quatuor originaire de Vancouver. Je n'ai pas du tout accroché. S'ils recueillent bien sûr un accueil poli, le son est extrêmement brouillon avec une basse qui annihile le peu de mélodies et rend l'ensemble assez désagréable. Beaucoup d'éléments de musique électronique pré-enregistrés, une chanteuse qui fait ce qu'elle peut dans un style hurlé (on pense parfois à In This Moment sur ce point) type *-core auquel je n'adhère pas du tout. Un style résolument métal à l'américaine, vraiment pas ma came, mais il en faut pour tous les goûts.
Nouvelle pause en attendant la tête d'affiche de la soirée, Ghost donc. Moment amusant lorsque, le temps d'installer le décor, de la musique est diffusée avec en premier le fameux Take On Me de A-Ha repris en chœur par le public du Zénith, désormais plein comme un œuf.
J'en profite pour préciser que les vidéos intégrées dans cet article ont été filmées par mes soins ou ceux de mon fils (merci Vic!), et qu'elles sont passées sans encombre à travers les filtres de Youtube qui veillent au respect des droits d'auteur (la bande son a été reconnue mais déclarée "sans impact" sur la visibilité - ce n'est pas toujours le cas).
La scène est maintenant partiellement masquée par un rideau blanc qui tombe du plafond, derrière lequel les techniciens s'affairent. Étant installés légèrement de biais, on aperçoit tout de même déjà quelques éléments du décor, qui promet d'être magnifique.
Installation du décor de Ghost
Le diable lui-même était présent
21h45 les lumières s'éteignent, juste à temps pour éviter qu'un spectateur ambitieux au bas des tribunes n'entraîne tout le public dans une macarena improbable. Le rideau s'éclaire et la musique d'intro Imperium commence, avant de tomber d'un coup dans une explosion pyrotechnique révélant le décor et l'ensemble du groupe. Tobias Forge (alias Cardinal Copia, Papa Emeritus I, II, III, IV) arrive et entame le morceau Kaisarion, qui ouvrait leur dernier album studio complet en date (Impera, 2022).
Setlist Ghost:
Imperium / Kaisarion
Rats
Faith
Spillways
Cirice
Hunter's Moon
Jesus He Knows Me (Genesis)
Ritual
Call Me Little Sunshine
Con Clavi Con Dio
Watcher In The Sky
Year Zero
Spöksonat / He Is
Miasma
Mary On A Cross
Mummy Dust
Respite on the Spitalfields
Rappels:
Kiss The Go-Goats
Dance Macabre
Square Hammer
L'exécution est impeccable et le décor proprement somptueux, avec en particulier un fond de scène en forme de cathédrale dont les vitraux représentent Papa Emeritus dans toute sa gloire. Les éclairages nombreux et toujours bien pensés mettent bien en valeur l'ensemble du groupe, sans systématiquement se concentrer sur le chanteur. Les guitaristes en particulier sont bien mis à l'honneur, comme le montrent les vidéos ci-dessous, notamment celle de Cirice. La batterie trône au centre de la scène sur une estrade qui la met bien en valeur. Mon seul regret est qu'on a du mal à distinguer, au fond de la scène, la dernière rangée de musiciens : le claviériste et deux choristes dont on ne voit pas toujours les activités alors même qu'il leur arrive de compléter les instruments disponibles. Ce n'est qu'à la fin, lorsque le groupe vient saluer, qu'on a une vision claire du nombre de musiciens (9 en comptant le chanteur, tout de même !).
Tous les musiciens sont masqués, ce sont les nameless ghouls. Ça fait partie de la mise en scène, l'identité du chanteur elle-même ayant été longtemps gardée secrète (jusqu'en 2017). En tout cas tous sont d'un niveau vraiment excellent, et (désolé de me répéter) j'ai été très impressionné par le jeu précis et tranchant des deux guitaristes principaux et du bassiste. Le son est fort mais assez bien équilibré, c'est important.
La setlist fait bien sûr la part belle au dernier album du groupe Impera mais pioche un peu dans tous les albums du groupe (pas si nombreux si on exclut les EP). Ainsi on enchaîne avec Rats puis Faith (album Prequelle, 2018).
Ensuite le chanteur annonce Spillways (album Impera), puis c'est un classique qui déclenche l'enthousiasme du public : Cirice (album Meliora, 2015), dont le clip (j'en parlais ici en 2017) inspiré du film Carrie, lui-même tiré de l'oeuvre de Stephen King, était considéré comme un chef d’œuvre du genre. Les éclairages rouge sang sont de toute beauté et contribuent parfaitement à l'ambiance de ce titre lourd de menaces.
Ensuite vient Hunter's Moon (album Impera), que j'ai trouvé très entraînant pour le public (notamment lors des coups de grosse caisse au début du refrain que les guitaristes martèlent du pied), puis un véritable classique avec Jesus He Knows Me. Il s'agit bien sûr du titre publié par Genesis en 1991 (je viens de vérifier, je pensais que c'était plus vieux) qui se présente en satire des télé-évangélistes et prédicateurs américains. Ghost l'a repris sur son EP de reprises récemment sorti Phantomine (2023), dont Tobias parle dans cette interview, accompagné d'un clip officiel autrement plus incisif (certains diraient « trash ») que celui de Phil Collins et ses compères à l'époque. D'ailleurs, globalement tous les clips officiels de Ghost méritent le coup d’œil, ils sont une part intégrante de l'identité du groupe.
Je profite de cet instant reprise pour regretter, mais j'imagine que ce n'était pas facile de modifier la setlist en pleine tournée Imperatour, que Ghost n'ait pas rendu un hommage à Tina Turner disparue récemment, puisque son We Don't Need Another Hero figure lui aussi parmi les reprises de Phantomine. Cela aurait été un vrai plus ce soir.
Après ce morceau repris à pleins poumons par le public, vient Ritual (album Opus Eponymous, 2010), à la fin duquel on assiste à une petite querelle amusante entre les guitaristes. Puis vient le plus récent Call Me Little Sunshine (album Impera). J'ai adoré le jeu de lumières, évoquant un rayon de soleil justement, sur ce titre. Tobias a pour l'occasion changé de tenue, avec un retour au costume de Papa Emeritus qui a fait sa renommée.
Con Clavi Con Dio est un titre beaucoup plus ancien puisqu'il date de l'époque du premier album Opus Eponymous à nouveau. Sur ce titre Papa Emeritus balance son encensoir sans qu'il soit possible, étant à distance raisonnable, de savoir ce qu'il contient exactement. Ce morceau est suivi de Watcher In The Sky issu de l'album Impera, aussi efficace que blasphématoire. Toujours dans ce thème vient ensuite un monument dans la discographie du groupe, le titre qui l'a réellement fait décoller : Year Zero (album Infestissunam, 2013, c'en était le seul extrait ce soir). La foule ne s'y trompe pas et l'acclame comme il se doit. À nouveau j'ai été marqué par les jeux de lumières parfaitement synchronisés avec la musique, réhaussés par des flammes qui jaillissent de chaque côté de la scène... une vraie chorégraphie.
Le morceau suivant He Is (introduit comme sur l'album Meliora par une « Spöksonat » - sonate fantôme en Suédois) est tout en douceur, sans batterie et accompagné par la foule à la lumière des téléphones portables qui ont depuis longtemps remplacé les briquets d'avant. Magnifique.
Ensuite vient l'instrumental Miasma (album Prequelle), à la fin duquel on amène un sarcophage en verre contenant un pape (mort, probablement, ou au moins censé l'être) dont on s'amuse avec des feux d'artifice... jusqu'à ce qu'il se réveille et se mette à jouer le final du morceau au saxophone ! Drôle, décalé et vachement bien fait !
La fin du concert approche avec, avant les rappels, les titres Mary On A Cross (EP Seven Inches Of Satanic Panic, 2019), où le chanteur (redevenu « lui-même », en l'occurrence Papa Nihil) fait participer la foule puis Mummy Dust (album Meliora) avec ses roulements de batterie en introduction, et enfin Respite On The Spitalfields qui clôt l'album Impera sur une note plus mid-tempo. À cette occasion on a droit à une bonne dose de confetti lancés en l'air par des machines au pied de la scène, pour un très bel effet.
Le groupe se retire ... arrive le moment des rappels ! Le chanteur (qui a revêtu une magnifique veste bleue à paillettes) revient et harangue la foule ... « What do you want from me ? ».... « if I give you three songs, will you get the fuck out of here ? » ce qui déclenche l'hilarité.
Trois titres en rappel donc ce soir : d'abord Kiss The Go-Goat (EP Seven Inches Of Satanic Panic), avec une belle mise en valeur par les poursuites des guitaristes mais aussi du claviériste, puis l'imparable et entraînant Dance Macabre (album Prequelle) avec des lumières multicolores (et toujours une dominante violette et rouge) du plus bel effet et de nouveau une belle dose de confetti.
Alors que Dance Macabre se conclut et que le chanteur provoque la foule, le dernier morceau s'annonce : Square Hammer (EP Popestar, 2016) avec son riff imparable qui déclenche immédiatement l'enthousiasme de la foule qui chante (pas toujours juste il faut bien l'avouer) le refrain à tue-tête. La mise en scène est à nouveau marquée par ces lumières magnifiques qui se concentrent sur les guitaristes pendant les soli.
Ce dernier morceau se conclut avec quelques mots (gentils !) de la part de Tobias, et un rideau d'étincelles qui tombent du plafond. Superbe !
Il est à peu près minuit, c'est la fin de ce concert magnifique, l'un des meilleurs auxquels j'ai assisté du point de vue de la mise en scène. Il est temps de rentrer (pour une fois on n'a pas trop de mal à sortir du parking car les entrées ont été momentanément converties en sorties).
On a appris il y a quelques semaines le décès de François Hadji-Lazaro à l'âge de 66 ans. Figure respectée du milieu rock alternatif et un peu underground parisien à partir du début des années 1980, sa disparition nous laisse tristes et nostalgiques de l'époque où, avec son groupe Les garçons-bouchers il avait notamment étrillé le « tube de l'été » d'alors, La Lambada avec le jouissif « La Lambada, on n'aime pas ça » dans une émission de variété quelconque à la télé du dimanche.
J'étais également très sensible à son autre groupe phare, Pigalle, avec lequel il avait notamment interprété « Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs ».
Lui qui se disait globalement déçu et n'avoir pas une folle envie de vivre aura sans aucun doute laissé une trace de son passage. Adieu François !
Les Garçons-Bouchers : La Lambada, on n'aime pas ça!
Pigalle : Dans la salle du bar-tabac de la rue des martyrs