L'Arena avait prévenu : le parking souterrain est fermé, et il vaut mieux arriver dès l'ouverture des portes (18h30) pour profiter des groupes de première partie compte tenu des mesures de sécurité supplémentaires (dont la présence de policiers armés à proximité de l'entrée des spectateurs). On prend donc ses précautions en réservant une place de parking hors de prix à la gare de Lyon et on part de Douai vers 15h45. On supporte bon gré mal gré les difficultés chroniques de la circulation parisienne et arrivons donc vers 18h30, nous préparant à subir une longue file d'attente pour entrer dans l'Arena.
En réalité pas du tout : aucun attente à l'extérieur malgré deux fouilles (il paraît qu'on dit « palpations ») plus soutenues que d'habitude, où l'on aura également eu à vider nos poches et ouvrir nos sacs. Nous entrons donc très vite dans l'Arena et dès 19h nous sommes installés confortablement dans notre gradin U, la satisfaction d'avoir été accueillis dans de bonnes conditions (alors qu'on a parfois l'impression d'être un peu traité comme du bétail qui mérite bien d'attendre). Le secret ? C'est tout simple : le personnel. Comment éviter les attroupements dangereux sans bâcler les palpations ? En y mettant les moyens, tout se résume à ça ! Bref.
Le temps de dévorer un sandwich, il est 19h30 lorsque les lumières s'éteignent et que sur la scène le premier groupe de la soirée s'installe : il s'agit des finlandais d'Amorphis. OK on n'a pas attendu longtemps mais sur les billets il était prévu que ça débute à 20h ! Du coup le public est encore bien clairsemé, que ce soit dans les gradins ou dans la fosse, lorsque retentissent les premières notes ! Dommage !
Amorphis donc, un groupe que j'attendais impatiemment tant j'ai apprécié leurs derniers albums, tout à la fois puissants et mélodiques.
Le groupe assure ce soir une double mission: promouvoir bien entendu son dernier album en date (le douzième!), Under The Red Cloud, mais aussi combler, dans une certaine mesure, un injuste déficit de notoriété. L'endroit aurait été idéal pour cela si le public avait été plus nombreux en ce tout début de soirée, car je crois malheureusement que ceux qui sont arrivés comme moi bien en avance sont ceux qui connaissaient déjà le groupe et avaient envie de le voir sur scène.
Au programme nous avons donc droit à huit titres extraits d'une partie de la (longue, 25 ans déjà!) discographie du groupe, mettant évidemment l'accent sur le dernier album. J'ai beaucoup aimé la prestation du groupe, avec le chanteur Tomi Joutsen alternant de manière toujours aussi efficace les growls et le chant clair, une ligne mélodique à toute épreuve grâce aux deux guitariste et au claviériste, sans oublier bien sûr la section rythmique solide constituée d'un batteur et d'un bassiste.
À l'exception peut-être de Drowned Maid, présenté par le chanteur comme un ancien titre écrit par un ancien chanteur (il est tiré de Tales From Thousand Lakes, 1994) et interprété uniquement en chant death, les différents morceaux joués conservent une approche très mélodique et le chant death est toujours utilisé afin de renforcer la puissance mais jamais au détriment de la mélodie, ce qui est en quelque sorte la marque de fabrique du groupe depuis l'arrivée de Tomi Joutsen dans ses rangs en 2005.
Le son est très bon, très bien réglé, sans proéminence de la basse comme c'est trop souvent le cas, et outre le fait que le public était encore trop peu nombreux, j'ai juste deux regrets par rapports à cette prestation d'Amorphis ce soir :
- l'absence ou le peu de morceaux tirés de certains albums récents tels que Silent Waters, Skyforger (seul l'imparable Silver Bride en est extrait alors qu'il contient tant de pépites) ou même Circle (dont est extrait Hopeless Days), l'avant-dernier en date ;
- le fait d'avoir été un peu loin du groupe. Certes le gradin U est situé en face de la scène et on ne passe pas son temps la tête tournée vers la droite ou la gauche, mais celle-ci (la scène) est vraiment de l'autre côté et le groupe apparaît bien petit.
Petite pause, le temps de prendre un petit rafraichissement au bar (à 4,5€ les 25cl de Heineken pression, on ne repartira pas à 4 pattes ce soir !), et le groupe suivant est annoncé.
Arch Enemy. Un groupe à la notoriété plus importante qu'Amorphis, ce qui explique certainement son positionnement juste avant la tête d'affiche (et contraire à ce qui a pu être annoncé initialement). Cette notoriété est due en grande partie à l'ancienne chanteuse du groupe, Angela Gossow, qui a quitté le groupe en 2014 et a été remplacée par la Canadienne Alissa White-Gluz.
C'est un groupe que je connais un peu pour avoir suivi d'assez loin sa carrière depuis leur huitième album Khaos Legions (2011), relativement récent donc puisque le groupe existe depuis 2001. Le style revendiqué est un death metal mélodique pleinement assumé, y compris par la chanteuse qui est l'une des rares femmes de ce milieu à hurler ainsi. Le style de chant convient bien à la musique du groupe, mais il est clair qu'il ne peut pas plaire à tout le monde. En même temps, qui peut se targuer de ça ? Mais je m'égare.
J'ai bien aimé le set d'Arch Enemy, notamment le War Eternal (morceau-titre du dernier album en date) mais aussi Stolen Life, You Will Know My Name ainsi que Nemesis. La chanteuse parle Français avec un fort accent québécois, ce qui donne un côté un peu comique (la Céline Dion du métal :) ) qui tranche avec le côté brutal de son chant. Elle a également eu quelques mots pour les victimes des attentats du 13 novembre, leur dédiant l'ensemble du set d'Arch Enemy ce soir. Un regret : le son, beaucoup trop fort et déséquilibré (trop de basse), vraiment moins bien réglé que pour Amorphis.
Après pas loin d'une heure de concert si je ne me trompe pas, une trentaine de minutes de pause est annoncée, le temps que les roadies préparent la scène derrière un rideau qui ne laisse rien paraître. Vers 21h30 les lumières s'éteignent et le groupe tant attendu investit la scène, dans un énorme flash de pyrotechnie qui laisse des traces sur nos rétines.
Nightwish met évidemment son dernier opus, l'excellent Endless Forms Most Beautiful (un concept album dont le sujet est l'évolution des espèces - le titre de l'album est d'ailleurs une citation d'un certain Darwin) à l'honneur, et ça démarre avec un parfait Shudder Before The Beautiful et enchaîne avec le plus nerveux Yours Is An Empty Hope.
Le fond de scène est constitué de quatre écrans qui diffusent des images en harmonie avec la musique, le tout étant vraiment très bien synchronisé et scénarisé avec la pyrotechnie et les lumières, qui diffusent tour à tour des ambiances violettes ou plus vives.
Les deux morceaux suivants sont extraits des anciens albums que sont Wishmaster (2000) et Century Child (2002) puisqu'il s'agit d' Ever Dream et Wishmaster. Exercice périlleux pour Floor Jansen bien sûr, puisqu'il s'agit de morceaux initialement interprétés par Tarja Turunen qui reste l'étalon par rapport auquel les autres chanteuses sont mesurées (et qui a provoqué l'injuste impopularité d'Anette Olzon). Floor s'en sort honorablement même si on constate quelques baisses de régimes par moment, sans que je sache déterminé si c'est dû à la chanteuse elle-même ou un mixage ne mettant, comme sur le dernier album en date, pas particulièrement en avant le chant par rapport aux instruments.
Après un My Walden de toute beauté tiré de Endless Forms Most Beautiful mettant bien en valeur les cornemuses de Troy Donockley, une petite surprise nous attend puisque le groupe interprète une magnifique balade, While Your Lips Are Still Red, originellement écrite pour la bande-son du film Lieksa! (j'en parlais ici en 2007, eh oui le temps passe). Le morceau est réarrangé ce soir pour intégrer notamment le chant de Floor, la guitare d'Emppu et les cornemuses de Troy.
Retour au présent avec Élan (magnifiquement introduit à la flûte) et le très heavy Weak Fantasy tirés d'Endless Forms Most Beautiful, puis un petit détour par l'album Dark Passion Play avec le titre 7 Days To The Wolves. L'occasion cette fois de mettre en perspective la performance de Floor avec celle d'Anette qui interprétait cette chanson avec un fort soutien de Marco. Cette fois Marco est nettement plus en retrait (il l'est tout le concert) et Floor est réellement en première ligne. La scénographie est parfaite (notamment ce cheval qui galope sur un fond de flammes sur les écrans ainsi que les impressionnants feux d'artifice synchronisés avec la musique) mais pour tout dire je crois que j'ai préféré les performances d'Anette sur ce morceau particulier, que ce soit sur l'album ou en live. Je trouve que son chant était plus « écorché » à cette occasion. Mais ça se discute évidemment.
Le morceau suivant, Alpenglow, est à nouveau tiré de Endless Forms... Promis par la chanteuse comme un réconfort pour ceux qui sont venus, on doit bien admettre qu'on n'est pas déçu ! Non seulement l'interprétation de ce morceau assez direct est parfaite, mais le « leitmotiv » de ce morceau, la phrase « We Were Here » qui lui sert de fil conducteur, s'imprime sur les écrans et résonne de façon toute particulière ce soir. Oui, nous étions là, malgré les menaces, malgré l'horreur, pour nous retrouver et nous rassembler autour de ce que nous aimons...
Deux morceaux suivent, un peu plus anecdotiques à mon sens, mais également appréciés : Storytime (album Imaginaerum) et Nemo (album Once) où les talents de claviériste de Tuomas sont mis à l'honneur.
La vraie surprise vient ensuite : après nous avoir remercié d'être venus, Floor nous annonce un voyage dans l'histoire du groupe. Et en effet, il s'agit de Stargazers, qui ouvrait en 1998 le magistral album Oceanborn, qui révéla le groupe alors encore jeune. Un morceau très « rentre-dedans », mélodique et énergique, interprété magnifiquement ce soir sur un fond d'étoiles et rehaussé de flammes sortant sur le devant de la scène. Je me suis vraiment régalé.
En marge de l'album Oceanborn, le single Sleeping Sun avait a l'époque été sorti à l'occasion de l’éclipse solaire totale de 1999 (tandis que des couturiers illuminés nous prédisaient la chute de la station spatiale Mir sur Paris et que les astrologues prévoyaient une sorte d'apocalypse).
Parfois raillée à cause de la baignoire utilisée dans le clip officiel par la chanteuse en pleine forêt (apparition à ce jour toujours inexpliquée), il s'agit d'une belle balade un peu modernisée pour l'occasion.
Attendu par toutes et tous, Ghost Love Score est évidemment une pièce maîtresse du groupe. Tirée de Once, il s'agissait à l'époque du dernier véritable coup d'éclat de la part de Tarja sur album, et Floor est évidemment très attendue au tournant. J'ai été très emballé aussi bien par l'interprétation que par la scénarisation des effets lumineux et pyrotechniques (et la vidéo ci-dessous ne leur rend pas justice sur ce point). Même si la plupart des orchestrations sont évidemment pré-enregistrées, le groupe parvient vraiment à faire vivre ce morceau, et le final assuré par Floor tout en puissance au milieu des flammes était particulièrement enthousiasmant.
On approche de la fin du spectacle et le très énergique et rapide Last Ride Of The Day, qui concluait (presque) l'album Imaginaerum, est interprété par le groupe avec en fond de scène un circuit de montagnes russes qui défile à toute vitesse en vue subjective. Ne pas trop le regarder, ça donnerait vite le tournis !
Le dernier morceau de la soirée est annoncé : il s'agit comme sur le dernier album de The Greatest Show On Earth. C'est un morceau énorme (il compte 24 minutes sur l'album) à tiroirs, différents chapitres sont séparés par des « paysages sonores » (il y a même des cris d'animaux à un moment). Le groupe interprète tous les chapitres sauf le dernier, qui est purement narratif et servira de support aux saluts du groupe. Je dois dire que j'ai été carrément bluffé par l'interprétation de ce chef d’œuvre, alternant puissance et passages plus subtils, et le rappel de ce leitmotiv « We Were Here » scandé par le public. C'était magnifique.
Le groupe salue longuement... La soirée se termine il est 23h30. Pas de rappel cette fois, mais un concert vraiment plus long qu'à l'accoutumée. Je pense qu'il ne s'agissait pas pour le groupe d'une volonté de se défiler mais de conclure, comme sur l'album, par cette pièce maîtresse clôturant le sujet. Après je me doute bien qu'une partie du public a été déçue par cette absence de rappel, mais à nouveau je pense que c'est pour des raisons « artistiques ».
Il est temps de rentrer, on regagne la voiture, on allume le GPS et on suit naïvement. Que nenni jeune padawan ! Le périphérique extérieur est fermé pour travaux ! Ah? Euh ok. On fait comment alors ? Tant bien que mal, en suivant le périphérique intérieur, on rejoint l'A1 à la porte de la Chapelle par le périphérique intérieur (ça rallonge la sauce) mais j'ai une autre blague pour vous : porte de la Chapelle et accès à l'A1 fermés pour travaux ! Bon, il faut donc rejoindre l'A3, on aura fait quasiment le tour complet de Paris... et perdu presque 1 heure. Rentrés à la maison vers 2h45, couché à 3h, levé à 7h, le lendemain a été je dois dire un peu difficile. Mais ça valait le coup !
Merci Nightwish, Arch Enemy et Amorphis ! Je termine avec quelques vidéos que j'ai pu prendre lors du concert (avec une qualité très variable), les sites de vidéos en proposent évidemment beaucoup d'autres!
Amorphis : Hopeless Days |
Amorphis : Silver Bride |
Arch Enemy : Ravenous |
Nightwish : Yours Is An Empty Hope (extrait) |
Nightwish : Ever Dream |
Nightwish : Wishmaster |
Nightwish : While Your Lips Are Still Red |
Nightwish : 7 Days To The Wolves |
Nightwish : Stargazers (extrait) |
Nightwish : Sleeping Sun |
Nightwish : Ghost Love Score |
Salut !
RépondreSupprimerJe suis tombé sur ce blog par hasard en me baladant sur des vidéos youtube du concert de Nightwish.
J'y étais également, dans la fosse, tout devant.
Très bon compte rendu en tout cas.
Pour ma part ce concert était absolument génial, car je suis un grand fan des trois groupes, et je les voyais tout trois pour la première fois.
Je dois avouer que j'ai eu ma petite préférence pour Arch Enemy, car c'était le groupe que je voulais le plus voir, et je n'ai pas été déçu. Sauf peut être par le son, comme relevé durant le compte rendu.
Mais l'ambiance était tout simplement monstrueuse devant. Certes, j'ai été l'instigateur de bon nombre de pogo et wall of death, mais c'était vraiment sympa de voir autant de monde se prêter au jeu.
J'ai bien conscience que l'écrasante majorité des gens étaient venu pour Nightwish, et j'avais peur que les compos plus "musclées" d'Arch Enemy freinent l'ambiance durant le set. Non pas que tout les fans de Nightwish n'aiment pas faire de pogo (après tout, il y en a eu un certain nombre durant Nightwish également !), mais dans l'ensemble ce n'est quand même pas trop leur tasse de thé.
Et au final ça a été l'éclate totale. La setlist était monstrueuse également, seul Burning Angels manquait, pour ma part.
Concernant Amorphis, j'attendais ce groupe avec une grande impatience, et quelle surprise ! Bercy n'est pas réputé pour avoir un son grandiose pour les concerts, mais l'ingé son d'Amorphis doit certainement être un génie. Parce que de ma vie, je n'ai jamais entendu une première partie de concert sonner aussi bien, toutes scènes confondues. Incroyable !
RépondreSupprimerJe n'avais pas eu un son aussi bon à Bercy depuis Iron Maiden.
Je dois avouer que la setlist m'a un tout petit peu déçu (je voulais les bombes Shades of Grey, Sampo, Black Winter Day, Narrow Path et My Kantele...), mais on ne peut pas tout avoir, et il était sensé de leur part de mettre en avant leur dernier né, qui est tout à fait remarquable.
Gros point noir : l'ambiance. Certes, je trouve révoltant que la communication ait été aussi pauvre quant à l'heure de passage du groupe, mais le manque de popularité totalement injuste et incompréhensible du groupe dépasse l'entendement. PERSONNE ne connaissait Amorphis, ou presque. Du coup, pas facile de rentrer à fond dans le concert lorsque l'on ne connait pas les morceaux, et le public est resté stoïque malgré quelques headbang et autres cornes du diable par ci par là. J'ai tout tenté pour mettre un peu d'ambiance, mais en vain. Au moins, le son et la performance étaient au rendez-vous.
Maintenant Nightwish, le clou du spectacle. Niveau son, je ne sais pas pour le fond, mais malheur en étant proche de la scène, on entendait à peine le clavier de Tuomas. La balance s'est améliorée au fil du set, mais malheureusement le tout était étouffé par les basses et la double pédale. Autant cela ne me gênais qu'à moitié pour Arch Enemy, mais pour la profondeur des compositions de Nightwish c'était assez décevant. Ceci étant dit, le son était malgré tout audible, et ça ne m'a pas empêcher de prendre mon pied durant ce concert.
A mon grand désarroi je n'ai pas énormément apprécié le dernier album, qui pour moi fais plus dans le recyclage que dans l'inédit, mais les compositions restent néanmoins agréables à l'écoute.
"While Your Lips Are Still Red" fût une énorme surprise et un énorme coup de cœur. C'était magnifique, et le public était très réceptif, vraiment superbe. Et j'ai pris mon orgasme auditif sur Ghost Love Score, qui pour ma part atteint avec Floor une dimension que Tarja ne m'a jamais montré, malgré tout le respect et l'admiration que j'ai pour elle. Cette voix et cette montée en puissance sur la fin m'a fait vibrer, j'en avais des frissons.
Pour conclure : j'ai pris un pied d'enfer. L'ambiance, la bonne humeur du groupe, les effets pyrotechnique, l'image, tout y était, ou presque.
Cette soirée fût mémorable, et vraiment, les paroles des trois groupes, après les événements tragiques du vendredi 13, étaient teintés d'une touche de sincérité et d'humanisme qui met du baume au cœur.
Merci à Amorphis, Arch Enemy et Nightwish pour cette soirée.
Et merci à toi, Monsieur Dusnob, pour ta review et ton blog :)
Merci à toi pour ta contribution et tes impressions, que j'ai lues avec grand plaisir. Et n'hésite pas à partager le lien ! :)
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